Tonton Fusible

C’est en assistant des collègues devant les Prud’hommes que Marius Rubino, électricien, responsable syndicaliste lyonnais du Bâtiment, a rencontré Paul Bouchet et d’autres avocats engagés dans la restauration de Goutelas. Avec d’autres professionnels militants, ils ont répondu présents.

Marius Rubino, électricien en 1965 à Goutelas

Electricien et militant CGT dans le Rhône depuis son entrée dans le monde du travail, Marius Rubino a toujours eu le souci de défendre les ouvriers, ses compagnons de travail. C’est en assistant des collègues devant les prud’hommes qu’il a rencontré Paul Bouchet, Jean Bonnard, Jean-François Delay et d’autres avocats qui défendaient les salariés dans les années 1960. Ceux-ci ont convaincu Marius et d’autres professionnels militants à la CGT de venir donner un coup de main pour la rénovation de Goutelas qui nécessitait l'intervention de professionnels du bâtiment. Ils ont répondu présents. Les avocats ou leurs femmes assuraient le voiturage jusqu’au château; encore peu d’ouvriers avaient des voitures à ce moment-là.

Dès 1964, mon père, Marius, a passé de nombreux week-ends à travailler au château. Souvent il nous emmenait, ma mère, mon frère aîné et moi, et tous, nous étions à l'œuvre. Ce qui plaisait là-bas à mon père, c’était la confrontation des idées. Il ne se passait pas un repas en commun sans que les échanges soient vifs et passionnés. Il aimait aussi la gaîté à l’ouvrage, le fait que les intellectuels mettent la main à des travaux manuels et que les rôles s’inversent, les professionnels du bâtiment devenant plus qualifiés qu’eux. La rencontre avec les paysans locaux, un autre monde, a été un moment fort de cette période. Ce qui devait convenir à Marius c’était de concevoir et de réaliser l’ouvrage sans le regard supérieur du conducteur de travaux. Cela a dû lui donner confiance dans ses capacités au-delà de ce qu’il avait pu connaître au sein de son entreprise. Il en fut de même pour ses camarades. L'utopie de cette aventure correspondait à son engagement syndical, en constituait le prolongement naturel. Les relations qu’il s’est naturellement constituées à Goutelas lui ont permis de renforcer son action militante.

Le cadre culturel et social enrichissait notre famille. Nous avons côtoyé des artistes : peintres comme Cathelin, comédiens comme  Maréchal ou le mime Marceau et assisté à de nombreux spectacles. Nous avons vu aussi se constituer des troupes d’amateurs en théâtre et musique. N'oublions pas l'importance du cinéma !

Mon père a œuvré jusqu’à la fin de la rénovation du château. Il avait en quelque sorte “sa tour” électrique, située à l’entrée sud-est. Il était surnommé “tonton fusible”. Il avait à Goutelas une reconnaissance et des amis très proches, dont Paul et Josette Païs, Jean et Claude Bonnard et bien d’autres...

Chantal Rubino-Sartorio, est une “enfant de Goutelas”. Son père, électricien lyonnais fait partie des pionniers de la rénovation et accompagnant ses parents elle a grandi baignée des valeurs humanistes du lieu. Elle suit des études d’ingénieure des techniques agricoles et mène une longue carrière dans la formation professionnelle des adultes au sein de l’AFPA -Association nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes- : formatrice, chargée de projet directrice de centre de formation, du Secteur National Industrie, puis de l’innovation jusqu’en fin 2014. Elle est trésorière de l’association de Goutelas de 1982 à 1997 et membre du CA jusqu’en 2011 Elle vit actuellement dans la partie provençale de la Drôme où elle a créé en 2016 une boutique culturelle, à la fois lieu d’exposition et de vente de produits locaux.

Lorsque je suis devenue trésorière de l’association au cours des années 1980, je ne manquais pas de le tenir au courant de la vie de Goutelas car ses visites devenaient moins nombreuses. Il me racontait toujours une anecdote liée à un échange, un concert, une fête, le brûlot, le mythe de la visite de Duke...

Son dernier passage à Goutelas, en juillet 2011, pour le 50ème anniversaire de la rénovation a été très riche en rencontres, discussions et émotions : ultime occasion de revoir ses précieux amis. Il est décédé en Novembre 2011, peu après Paul Païs. Cet épisode de sa vie aura été une fierté pour lui et pour sa famille.

Chantal Rubino-Sartorio, est une “enfant de Goutelas”. Son père, électricien lyonnais fait partie des pionniers de la rénovation et accompagnant ses parents elle a grandi baignée des valeurs humanistes du lieu.Elle suit des études d’ingénieure des techniques agricoles et mène une longue carrière dans la formation professionnelle des adultes au sein de l’AFPA -Association nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes- : formatrice, chargée de projet directrice de centre de formation, du Secteur National Industrie, puis de l’innovation jusqu’en fin 2014. Elle est trésorière de l’association de Goutelas de 1982 à 1997 et membre du CA jusqu’en 2011Elle vit actuellement dans la partie provençale de la Drôme où elle a créé en 2016 une boutique culturelle, à la fois lieu d’exposition et de vente de produits locaux