Des avocats, des juristes éminents s'insrivent dans la mémoire et l'identité de Goutelas. Cette page esquisse les grandes lignes d'ue histoire et d'une actualité qui restent à écrire
Que le Centre culturel de rencontre de Goutelas soit aujourd’hui voué à l’humanisme juridique et à la création ne doit rien au hasard.
Dès l’origine, en 1962, quatre avocats (Yves Berger, Jean Bonnard, Paul Bouchet, Jean Delay), liés par leurs activités professionnelles, figurent parmi les sept membres fondateurs de la SCI portant la propriété du Château donné par Noël Durand. Par ailleurs, l’association qui porte la rénovation et l’animation de cette demeure a été présidée pendant plus de 40 ans par des avocats (Paul Bouchet, Robert Guillaumond, Jean Bonnard) et a compté et compte encore des juristes parmi ses administrateurs (Bernard Dorel, Pierrette Rongère, Jean et Jean-Marc Beurton, Pierre Anglaret, Marie Franceschini, Albert Roudil, Antoine Jeammaud, Olivier Leclerc notamment).
Lorsque le Château fut en état d’accueillir des groupes de travail, l’Université du Barreau, dès sa création en 1967 par l’Association Nationale des Avocats, alors la plus importante des organisations d’avocats, organisa à Goutelas des week-ends de formation consacrés aux droits nouveaux. De même, l’Union des Jeunes Avocats, puis, après sa création, le Syndicat des Avocats de France ont organisé à Goutelas des séminaires consacrés à l’avenir de la profession d’avocat et de la Justice.
Dès l’origine, sont intervenus dans ces séminaires des juristes qui ont marqué l’histoire contemporaine du droit : Corinne Lepage, Christian Huglo et Jean Untermaier pour le droit de l’environnement ; Mireille Delmas-Marty, Bruno Lassere, Bruno Genevois, Louis Joinet, Pierre Truche, Henri Leclerc dans le domaine de la protection des libertés publiques ; Gérard Farjat pour ce qui concerne le droit économique.
Lorsque Paul Bouchet, Yves Berger, puis Jean Bonnard se succédèrent, à partir de 1980, au bâtonnat du Barreau de Lyon, le lieu et la méthode servirent de modèles à la renaissance d’un palais du Vieux Lyon, à l’installation en ses murs la première Maison des Avocats et aux séminaires qui y furent organisés, souvent avec les mêmes intervenants. À Goutelas même, les rencontres juridiques se sont multipliées en se diversifiant.
Dès 1970, le Syndicat de la Magistrature, créé un an plus tôt, tint à Goutelas son séminaire de réflexion chaque année à l’Ascension. Il fut ainsi possible, de nombreuses années durant, de croiser au Château des magistrats qui ont façonné l’image de la magistrature contemporaine : Louis Joinet, Pierre Lyon-Caen, Dominique Charvet, François Colcombet, Jean-Pierre Michel, Etienne Bloch, notamment.
À partir de 1980, des enseignants universitaires, juristes et politologues soucieux de débattre des dimensions sociales du droit (Michel Miaille, Jean-Jacques Gleizal, Philippe Dujardin, Antoine Jeammaud, Michel Jeantin, Claude Journès, Jacques Michel, Albert Roudil, Evelyne Serverin, Robert Guillaumond, Gérard Farjat, Antoine Pirovano, Robert Charvin, Jacques Poumarède, Pascal Ancel, etc, mais aussi Michel van de Kerchove, François Ost, Sheldon Leader, etc.) prirent également l’habitude de se réunir à Goutelas dans des assemblées ou séminaires de l’association « Critique du droit », et autour des ouvrages ou de la revue de ce mouvement. Goutelas a ensuite été le lieu privilégié de réunions de travail du Centre de recherches critiques sur le droit (CERCRID) de l’Université de Saint-Etienne, issu de « Critique du droit », associé au CNRS depuis 1985, et qui est désormais commun à l’université stéphanoise et à l’Université Lumière Lyon 2.
Mais le lieu a bien vite séduit d’autres chercheurs, qui y trouvent un cadre favorable à leurs travaux.
À partir de 1982, Mireille Delmas-Marty a organisé diverses séances de travail des Commissions de réforme du Code pénal et de la procédure pénale dont elle avait alors la charge, à l’initiative du Ministre de la Justice Robert Badinter.
Elle a aussi réuni à Goutelas des enseignants et doctorants sur une multiplicité de thèmes concernant les sciences criminelles aussi bien que la « science du droit ».
À l’initiative d’Antoine Jeammaud et Antoine Lyon-Caen, Goutelas a accueilli à plusieurs reprises, entre 1986 et 1991, le séminaire international de jeunes universitaires organisé par l’Association italienne de droit du travail, et, plus récemment, plusieurs « rencontres d’automne » de l’Association française de droit du travail et de la sécurité sociale (AFDT). Depuis quelques années, Goutelas héberge un séminaire d’écriture de thèses en droit social qui réunit chaque année et pendant une semaine des doctorants des Universités Lumière Lyon 2, Jean Monnet de Saint-Etienne, et Paris-Nanterre, avec un encadrement de jeunes universitaires et chercheurs de ces établissements.
À l’initiative du Barreau de Lyon, puis du Conseil National des Barreaux, se tient chaque année depuis 1997, à Goutelas, une importante rencontre en matière de déontologie des avocats.
Aujourd’hui, le Centre Culturel de Goutelas ne se contente plus d’accueillir et prend l’initiative de travaux et séminaires autour des relations entre le droit et l’Humanisme
- sur le thème « Droit et humanisme, autour de Jean Papon, juriste forézien », qui a donné lieu à une publication par les Classiques Garnier (2015) ;
- avec l’Institut Adamas, sur « La constitutionnalité (ou constitutionnalisation ?) du droit en Chine et en France »,
- avec le Collège de France, un Colloque sur le thème « Vers un droit commun universalisable » en avril 2017 ;
- avec des conférences-débats organisées, ces dernières années, sur le Programme du Conseil National de la Résistance (P. Bouchet, P. Héritier), la vocation du droit social (Alain Supiot), la laïcité (Michel Miaille), la critique économique du droit du travail (Antoine Lyon-Caen), la réforme territoriale (Christophe Chabrot) l’État de droit confronté aux impératifs de sécurité (Mireille Delmas-Marty), la justice privée internationale (Robert Guillaumond) ; les modes d’élection de nos représentants (Antoinette Baujard).
Robert Guillaumond est docteur en droit, avocat aux barreaux de Lyon et de Paris. Spécialiste en droit économique et relations internationales, il travaille particulièrement avec la Chine et le monde arabe. Co-fondateur du cabinet ADAMAS avec Jean Bonnard et Paul Bouchet, Robert Guillaumond a été, de 1977 à 1992, le deuxième président du Centre culturel de Goutelas. Antoine Jeammaud est professeur émérite de droit privé et sciences criminelles, spécialiste de la théorie du droit et du droit du travail. Co-fondateur de l’association « Critique du droit » et du Centre de recherches critiques sur le droit.


