Le peintre Cathelin fut une pierre d’angle de la restauration du château : mécène généreux, enthousiaste et actif sur le chantier, il a rassemblé de nombreux artistes autour de l’aventure de Goutelas.
Au même titre que les paysans ou les ouvriers, les artistes représentent un réseau à part entière à Goutelas. Le peintre, lithographe et illustrateur Bernard Cathelin (1919-2004) a joué un rôle central et unificateur au sein de ce réseau.
C’est par l’intermédiaire de Paul Bouchet que Bernard Cathelin, originaire de la Drôme, découvre le projet de rénovation du château de Goutelas et décide d’y participer. Les deux hommes se sont rencontrés à Prague en 1946 lors du congrès de fondation de l’Union internationale des étudiants et y ont noué entre eux des liens fraternels. En 1961, Bernard Cathelin est déjà un peintre connu, exposant à Paris et à New York. Ancien élève de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, il a reçu le Prix Blumentahl en 1950. Paul Bouchet le retrouve à Paris, lui parle de Goutelas en ruines et de son projet de le restaurer. Le peintre est d’emblée convaincu et si déterminé que, quelques jours après leur rencontre, il aurait appelé le cabinet d’avocats de Paul Bouchet et confié à la secrétaire : « Il faut sauver Goutelas ! ». La secrétaire est alors persuadée qu’il s’agit d’un client condamné à mort.
Bernard Cathelin est présent dès le début sur le chantier. Il apporte ses conseils à la rénovation et s’engage pleinement. Avec la force de conviction et l'enthousiasme qui sont les siens, il sollicite plusieurs de ses amis et constitue en soutien à Goutelas un réseau où l’on retrouve l’élite artistique parisienne. On peut citer l’architecte Raymond Creveaux (qui a travaillé essentiellement à Fort-de-France et Pointe-à-Pitre dans les années 1970) ou l’artiste-décorateur et membre de l’Institut de France Raymond Subes (1891-1970), spécialisé en ferronnerie d’art, qui a conçu, réalisé et offert les grilles de l’entrée d’honneur de Goutelas. Figurent aussi parmi les amis de Bernard Cathelin, une antiquaire, « Andrée », qui a fait don de meubles ; ou encore le maître-imprimeur lithographe Fernand Mourlot (1895-1988) qui confie à Goutelas, en 1966 une exposition de lithographies de Matisse, Picasso, Chagall, Braque, Miró et Villon. C’est aussi à Bernard Cathelin que l’on doit la venue de Duke Ellington à Goutelas.
Le peintre est une pierre d’angle de la restauration de Goutelas, donnant de sa personne sur le chantier et offrant à Goutelas pendant des années, à chaque tirage de ses lithographies, les fruits de la vente de la première épreuve. Ses amis artistes ont mis leurs talents au service du lieu et de son projet, avec générosité. Ils ont été les mécènes de Goutelas.
Bernard Cathelin a également participé au projet « Mémoires de Goutelas » entre 1998 et 200. Initié par Josette et Paul Païs, il fait se rencontrer plusieurs acteurs de la restauration du château dans le but de rassembler leurs souvenirs.
La présence de Cathelin à Goutelas reste aujourd'hui celle d’un artiste dont quelques affiches et lithographies rappellent le talent et surtout celle d’un ami à qui Goutelas doit sa renaissance.
Maeva Lecordier, est étudiante à l'Université Jean Moulin Lyon 3. Elle est actuellement en Master 2 de recherche en Histoire contemporaine. Elle concentre ses recherches autour du Centre Culturel de Goutelas qui a fait l'objet d'un mémoire l'an dernier.


