Premiers salariés au château : les Païs

Josette, fille du pays, et Paul, son époux, fils d'immigrés italien - polisseur, maçon, tapissier - ont 29 ans en 1966. Ils seront pendant 30 ans au service de Goutelas et de son projet.

Paul et Josette Pais (1er plan) Annie Detour
Paul et Josette Pais (1er plan) Annie Detour

Dans l’histoire de Goutelas le couple Païs occupe une place prépondérante. Ils ont été les premiers salariés du Centre culturel et ont « tenu la maison » pendant un peu plus de trente ans. Comment se sont-ils retrouvés à Goutelas ? Quel fut leur rôle ?

Josette, une fille du pays, et Paul, un fils d'immigrés italien, vivent sur les hauteurs de Marcoux. Paul Païs a d’abord été polisseur et maçon, il devient tapissier après un accident de travail. Il est souvent en déplacements. Josette quant à elle a la charge de leurs deux enfants. Le couple est assez peu présent sur le chantier de Goutelas dans les premiers temps de la rénovation.

Dès l’année 1966, le Centre culturel ne peut plus être géré uniquement par des bénévoles. Il est nécessaire de trouver une « maîtresse de maison » pour le château. La question de l’embauche du couple Païs est soulevée lors d’un Conseil d’administration du Centre culturel en octobre 1966 . Le compte-rendu fait état du profil recherché : un couple qui doit avoir « l’esprit de Goutelas », si possible « du pays », mais aussi « relativement jeune » et « capable de prendre des décisions sur le plan pratique, tant de l’activité culturelle que des travaux ». Les critères sont très précis et les personnes recherchées doivent pouvoir s’inscrire dans l’aventure de Goutelas en train de s’écrire. Le profil du couple Païs est étudié lors du Conseil d’octobre 1966 et leur candidature est très vite retenue. Les Païs ont alors 29 ans et deux enfants de 7 et 3 ans. On peut lire dans le compte rendu : « Cette famille semble convenir parfaitement ; on continuera à se tenir en contact avec elle. ».

À l’automne 1967 Paul Païs est engagé comme responsable de l’entretien et de la rénovation du château. Le couple s’installe alors à Goutelas, accompagné des enfants. À la fin du mois de février 1968, ils terminent les travaux et créent un appartement au-dessus de la salle de cinéma. Josette assure l’accueil et le secrétariat, même si au début, seul Paul perçoit un salaire. Par la suite, salariée, elle devient la « maîtresse de maison », assurant l'ensemble des activités hôtelières et la gestion des lieux. Paul et Josette resteront à Goutelas trente ans, de 1968 à 1998, date à laquelle ils prennent leur retraite.

Leur contribution à l’œuvre de Goutelas ne s’arrête pas en 1998, elle perdure : Josette et Paul sont au cœur du livre Goutelas par lui-même. Mémoire intime d’une renaissance. Comme le dit Maurice Damon, Josette est un « observateur privilégié ». Elle est un témoin et un exemple dans un « rôle de maîtresse de maison très traditionnel, très genré » comme le remarque Olivier Chatelan. Elle ne doit qu'à elle d'avoir sur l'assumer de façon libre et constructive comme les femmes qui ont bousculé la société et participé à ses changements à partir des années 1960.

Pour le projet « Mémoire de Goutelas », Josette a rassemblé ses souvenirs dans le documentaire Que pierres vives.

Maeva Lecordier est étudiante à l'Université Jean Moulin Lyon 3. Elle est actuellement en Master 2 de recherche en Histoire contemporaine. Elle concentre ses recherches autour du Centre Culturel de Goutelas qui a fait l'objet d'un mémoire l'an dernier.