L’humanisme, héritage et continuité

Des bâtisseurs de la Renaissance au projet du Centre culturel de rencontre, Goutelas est habité par le souci du savoir partagé, de la reconnaissance de la diversité des cultures, du renouvellement de la pensée et de l’action accordées au mouvement du monde.

Je suis humain, rien de ce qui est humain ne m'est étrangerLa devise de l'humanisme classique gravée à Goutelas depuis 2006
Je suis humain, rien de ce qui est humain ne m'est étranger La devise de l'humanisme classique gravée à Goutelas depuis 2006

Au XVIème siècle, les bâtisseurs de Goutelas furent des humanistes, au sens classique d’érudits, parlant et écrivant le grec et le latin et aussi confiants que le savoir (humanitas) rend l’homme meilleur, plus juste, plus humain. Ils font partie des humanistes chrétiens tout comme Amyot, traducteur de Plutarque, Marsile Ficin, premier grand traducteur de Platon et Érasme sollicité par Budé pour enseigner au Collège de France. Ils croient dans les capacités naturelles de l’homme à atteindre le bien grâce à sa volonté, éclairée par la raison.

Jean Papon donna à Goutelas sa configuration : le plan en H, les ornements architecturaux extérieur et intérieur, la chapelle où saint Paul trouve une place originale parmi les apôtres. Ce grand juge de Forez, lieutenant au bailliage de la province, traducteur de Démosthène, fit œuvre de jurisconsulte : il compila les arrêts notables des cours souveraines et les siens en vue d’établir un droit unifié et rédigé en français . Son fils Loys, poète, enlumineur, chanoine est un des noms de la littérature forézienne de la Renaissance. Sa poésie, savante s’inspire de Pétrarque et de Ronsard . Il fut maître d’écriture d’Anne et Honoré d’Urfé. Les Papon réunissaient dans leur demeure de Montbrison et à Goutelas un cercle de gens lettrés, férus d’histoire, de droit, de poésie, de médecine . À l’époque troublée des guerres de religion, Goutelas s’affirme comme une demeure de foi, de paix et de savoir. En témoigne l’inscription NON SIC IMPII qui orne l’architrave de la chapelle.

À partir de 1961, la restauration de Goutelas s’est aussi faite sous le signe de l’humanisme. Elle manifeste, au travers de la mise en mouvement des intelligences, des cœurs et des volontés, la reconnaissance de l’égale dignité de chacun. Les phrases de Rabelais et de Montaigne « Je ne bâtis que pierres vives, ce sont hommes » «… frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui » furent les maximes de l’action des paysans, ouvriers, intellectuels dont les 150 000 heures de travail bénévole ont redonné vie au château et créé le Centre culturel de Goutelas. C’est à ces hommes et ces femmes d’horizons divers, engagés dans une œuvre commune, que  Duke Ellington vint à Goutelas adresser son salut : « Je vous salue frères ! » en 1965. C’est à ces bâtisseurs d’un monde « plus juste et plus beau » qu’il dédia en 1972 la Goutelas’ suite.

Depuis 2006 dans la « Salle des devises », les sentences inscrites sur les poutres, dans les plus anciennes écritures du monde, rappellent que la pensée humaniste chemine depuis la plus haute Antiquité au travers de la recherche de la justice, de la tolérance et de la solidarité. Hammourabi, Sophocle, Confucius, Averroès, Avicenne, Pic de la Mirandole sont cités comme les grands passeurs de cette pensée sans frontière. La devise de l’humanisme classique, exprimée par Térence, reprise par Cicéron, Sénèque ou Montaigne - HOMO SUM, HUMANI NIHIL ALIENUM A ME PUTO - a été gravée dans le mur de cette salle. Elle rappelle à chacun qu’il est homme et que rien de ce qui est humain ne lui est étranger.

Aujourd’hui Centre culturel de rencontre, Goutelas a inscrit l’humanisme dans le projet qu’il met en œuvre. En interaction avec le droit et la création, l’humanisme à Goutelas porte l’exigence du savoir partagé, la reconnaissance de la diversité des cultures et des droits culturels. Il invite au renouvellement de la pensée et de l’action, à un droit en mouvement accordé au mouvement du monde.

Depuis 2006 dans la « Salle des devises », les sentences inscrites sur les poutres, dans les plus anciennes écritures du monde, rappellent que la pensée humaniste chemine depuis la plus haute Antiquité au travers de la recherche de la justice, de la tolérance et de la solidarité. Hammourabi, Sophocle, Confucius, Averroès, Avicenne, Pic de la Mirandole sont cités comme les grands passeurs de cette pensée sans frontière. La devise de l’humanisme classique, exprimée par Térence, reprise par Cicéron, Sénèque ou Montaigne - HOMO SUM, HUMANI NIHIL ALIENUM A ME PUTO - a été gravée dans le mur de cette salle. Elle rappelle à chacun qu’il est homme et que rien de ce qui est humain ne lui est étranger.

Aujourd’hui Centre culturel de rencontre, Goutelas a inscrit l’humanisme dans le projet qu’il met en œuvre. En interaction avec le droit et la création, l’humanisme à Goutelas porte l’exigence du savoir partagé, la reconnaissance de la diversité des cultures et des droits culturels. Il invite au renouvellement de la pensée et de l’action, à un droit en mouvement accordé au mouvement du monde.

Marie-Claude Mioche est présidente du Centre culturel de Goutelas depuis 2012. Professeure agrégée de lettres classiques, elle a exercé dans différents établissements au Bénin et en France dont 35 ans au Lycée de Montbrison.